La vie en mouvement

Mieux se connaître

La souffrance psychique est par bien des aspects une maladie du rythme où on traverse des tempos et des allures extrêmes, lents ou rapides, ou saccadés. Ces rythmes, c’est ce que l’on appelle le temps psychique, qui est en lien avec les difficultés psychiques que nous traversons. Par exemple, si l’on souffre de dépression, on sait bien qu’il est impossible de se mettre en mouvement avant d’avoir un peu repris pied, et nous dire « mets-toi un coup de pied au cul » est stupide. Le temps psychique est intimement lié à notre environnement, qui, lui aussi, est en mouvement.

La philosophie du rétablissement est formelle : le temps psychique, ça se respecte ! C’est aussi quelque chose à apprendre pour soi-même : être conscient que soigner certaines blessures ou opérer de grands changements prend du temps, se traiter avec douceur…

Nos parcours de rétablissement sont eux aussi faits de rythmes irréguliers.

Il est parfois presque impossible de se rendre compte de ses progrès. On peut aussi être découragé ce qui semble être des retours en arrière. Or, on apprend toujours. La clé est de célébrer toutes les victoires, même et surtout les plus petites (oui, se brosser les dents, mettre le nez dehors, passer un coup de fil), et de comprendre que toute vie est faite de ces va-et-vient. Au fil du temps, quand on regarde en arrière, on voit le chemin parcouru. Petit à petit, on reprend confiance en soi, jusqu’à retrouver un rythme de croisière qui nous convient, jusqu’à pouvoir de nouveau accélérer un peu pour atteindre un objectif. On apprend aussi à se reposer, pour continuer le chemin.

Face à de nouveaux obstacles, on sera fort de tous ces apprentissages.

 

 

 

Idées fortes du témoignage

 

  • La souffrance psychique est une maladie du rythme
  •  Apprendre à (faire) respecter son temps psychique
  • Les parcours de rétablissement, comme la vie, sont faits de rythmes irréguliers
  • Célébrer toutes les victoires
  • Apprendre de son chemin

 

Sarah Jolly est artiste-auteur et intervenante en santé mentale. Elle a un blog «Une Si Belle Folie – Une autre idée de l’anormalité» qui s’inscrit dans la philosophie du rétablissement.
Elle est autrice d’une pièce de théâtre intitulée «Je ne suis pas le fou qu’ils disent» et intervient dans des structure pour parler du rétablissement en santé mentale.
Cet article est le partage d’un pair et non un article scientifique !