la force du sport pour se rétablir
Cultivez ses envies
Pour expliquer en quoi le sport forge le mental, je souhaite partager mon expérience. Je me suis luxé la rotule deux fois d’affilées lorsque j’avais 13 ans, à une époque où je rêvais de pratiquer le basket à un niveau professionnel. On a refusé de m’opérer en raison de la fragilité de mon genou. J’ai accepté cette situation et je n’ai plus fait de sport pendant 2 ans. S’en est suivi une grosse dépression et ma maladie s’est déclenchée à ce moment-là.
Au terme de cette phase, j’ai trouvé un kiné qui a accepté de m’aider et m’a fait travailler pendant 2 nouvelles années. Le jour où j’ai remis les pieds sur un terrain de basket a été un des plus beaux jours de mon enfance. Cette période m’a énormément servi depuis mon diagnostic à l’âge de 24 ans.
Chaque fois qu’on m’a dit que quelque chose n’était pas possible, je prenais ce qu’il y avait de bon, mais je décidais de ne pas écouter le discours académique.
L‘hippocampe est une partie du cerveau qui joue le rôle de centre de gestion des émotions en gérant la concentration, les émotions, la mémoire et le stress. Quand on est atteint d’une maladie psychique, l’hippocampe a tendance à moins bien fonctionner (je contrôle moins bien mes émotions, mon attention baisse, etc.)
Bonne nouvelle ! En faisant du sport, l’hippocampe peut reprendre son fonctionnement, à condition d’être régulier·e dans son entrainement. Le sport m’a appris la discipline. Qu’est-ce que ça signifie ? Faire quelque chose même lorsque je n’en ai pas très envie parce que ça a un sens plus grand pour moi que ma simple envie du moment. On oppose parfois les sportifs aux intellectuels.
Pourtant, le sport développe une certaine forme d’intelligence. Lorsqu’on pratique une activité sportive régulière, on améliore la plasticité cérébrale, on multiplie les connexions et les réseaux neuronaux. Il est normal dans les premières phases de la maladie de se replier sur soi-même mais le sport peut être important dans le maintien de la curiosité et l’ouverture vers les autres.
Il y a plein d’autres manières de trouver sa propre voie de rétablissement ! Si le sport n’est pas la tienne, ou si ce n’est pas le moment, ne te blâme pas !
Florent Babillote est un coach rétablissement spécialisé en accompagnement des personnes atteintes de schizophrénie. Auparavant, il a lui-même suivi un parcours de soin en santé mentale et a été aide-soignant au sein d’un hôpital public spécialisé en santé mentale. Il propose des conférences sur le rétablissement, est auteur de trois ouvrages et également artiste slammeur. Cet article est le témoignage singulier et personnel d’un pair et non un article scientifique !