Déclencheurs, signes avant-coureurs

Prendre soin de son entourage

Dans ma manière de gérer ma santé mentale, j’ai identifié des signes avant coureur de moments de crise, des faisceaux d’indices qui ne suffisent pas en tant que tel. C’est bien leur addition et multiplication dans une temporalité précise, qui mises bout à bout me donnent des informations sur mon état psychologique ainsi que sur d’éventuels outils à mettre en place ou de potentiels symptômes auquel porter attention dans mon quotidien.
Ça c’est le langage de la psychiatrie que j’ai appris pour pouvoir communiquer de mes états de santé.
Dans la vraie vie ça fait :
C’est la pente glissante, celle où je me retrouve un matin, sans que je sache trop pourquoi, ni comment.
Une pente savonneuse, bien mousseuse et très lisse qui m’entraîne vers le fond, le gouffre, le vide. La
pente, le savon, leurs odeurs, texture, couleur, je les connais bien. Il est possible de parvenir à s’accrocher
quelque part sur la pente pour ne pas tomber trop loin. Des fois, même c’est juste une petite glissade
givrée, une de celle qui fait même pas gercer les lèvres et gonfler les mains. Je me raccroche.
La pente est fabriquée de signaux envoyés par mon corps : je suis fébrile, je fais tomber des objets
(surtout les plus fragiles), je me cogne contre des meubles dont je connais la place très précisément. Je
vais trop vite dans mes déplacements alors les objets n’arrivent pas à suivre. Mon coeur va trop vite, je ne
dors presque plus, je mange par automatisme.
La pente est aussi structurée par des signaux-cerveaux : des boucles de pensées qui ne s’arrêtent plus, des
doutes de tout ce que j’ai fait dans ma vie, une impatience envers les autres. Je deviens irritable et flou. Je suis sur la défensive en permanence, je ronge des os dans ma tête-de-travers, je tourne en rond dans mon cerveau pentu. Je ne sais pas de quoi j’ai envie ou besoin, je me déteste vite et bien.
Le savon ? C’est le contexte, les déclencheurs, les situations qui peuvent rendre la pente encore plus raide.
Tout l’équilibre étant de limiter les doses de savon (même si j’adore cette légère sensation de glisse, les
cheveux au vent et le lâcher prise en bandoulière).
Identifier ces signaux m’aide à éviter les moments de gros désespoir et de grandes difficultés à me
reconnecter au sens, à pourquoi agir, à comment faire, à trouver de l’énergie et de l’envie.
Identifier ces signaux est ma première action pour pouvoir agir dessus.

Et toi, quels seraient tes signaux-corps-cerveaux ? Ça ressemble à quoi ta pente, son inclinaison, son
adhérence, ton savon ? Qu’est ce qui t’aide toi sur ton chemin en pente ?

 

Amarin Romarin fait des boucles de mots et de musique depuis quelques mois.
Avec son petit synthé et un flow poétique, il propose un récit sur sa folie, ses amoures, son corps qui change et dépose des envies de tendresses communautaires queer.

Idées fortes du témoignage

  • Identifier les signes avant les crises
  • Identifier les situations qui favorisent les crises et ce qui aide à les limiter